Dans Tartuffe, on s’épie, se cache, se retire, on complote. Ici, ni cachette ni recoin, la scène est un ring qu’entourent les spectateurs. Au centre, hors de tout artifice scénique, chaque acteur se lance, les alexandrins fusent, la joute se déroule avec précision et finesse, piquante et implacable. Le public, interpellé quelquefois, proche à quasi pouvoir toucher les comédiens, est presque de la partie, témoin comme jamais de l’action, de ses ressorts, et de l’invraisemblable aveuglement d’Orgon. Pas de costume, un texte pris comme une partition traversée avec liberté, et le plaisir du jeu avant tout. Du Molière contemporain sans chichis ou ostentation, superbement compréhensible et efficace : les situations sont risibles, alors on en rit, franchement ! Du grand art.